Bienvenue à Smart City
NTIC 21 mai 2019

Bienvenue à Smart City


En 2050, 70%1 de la population résidera en milieu urbain. Les villes vont devoir se transformer pour devenir "smart". À quoi ressembleront-elles ? Quid de la data et l'avocat ?

 

 

Qu'est-ce qu'une Smart City ?

Comment garantir l’efficacité des services publics, en poursuivant sur la voie du développement durable tout en améliorant le « mieux vivre en ville » ?

La Smart City est probablement la solution à ces problématiques.

Une ville intelligente est une ville qui à l’aide d’IoT (« Internet Of Things » ou objets connectés) collecte des données sur ses habitants et leurs usages afin d’améliorer la qualité des services urbains et d’optimiser les ressources.

Le périmètre couvert par les Smart Cities est large, il concerne les infrastructures publiques, les transports, les routes, les administrations, les réseaux, etc..

Ci-dessous quelques applications concrètes :

  • Éclairage urbain :

Pourquoi éclairer toute la nuit des zones piétonnes alors qu’il n’y a pas de piétons ? Il est possible avec des capteurs positionnés sur les lampadaires d’illuminer le trottoir au passage d’un citadin, puis de rebasculer sur un éclairage minime de type veilleuse. Cela permet de réduire la consommation énergétique, de préserver la biodiversité, mais également par cette réduction de coût d’étendre l’éclairage urbain à des zones qui actuellement n’en bénéficient pas.

  • Gestion des flux de circulation :

Qui n’a jamais dû patienter à un feu de circulation, alors qu’il n’y avait pas de circulation ? En analysant les flux de datas récoltés par des IoT, il est possible d’adapter la circulation, et donc les feux tricolores afin de réguler le trafic en temps réel.

  • Stationnement :

Savoir où se garer en entrant dans une ville, sans avoir à rechercher une place pendant des heures, c’est également possible dans la ville connectée en croisant vos données GPS aux datas relatives au stationnement en ville.

  • Arrosage des espaces verts :

Dotés de sondes météorologiques, les espaces verts de la Smart City seront alimentés correctement en eau lorsque cela sera nécessaire. Exit, les arrosages automatiques à heures fixes, non pertinents lorsqu’il a déjà plu.

  • Ramassage des ordures ménagères :

Orienter le ramassage des ordures sur les zones où cela est nécessaire, lorsque cela est nécessaire. Toujours et encore, à l’aide de ces capteurs positionnés sur les bennes à ordures ménagères, il est possible de savoir quand et où effectuer un ramassage. Inutile de parcourir toute la ville si le ramassage n’est à effectuer qu’à quelques endroits.

 

Pas de Smart City sans citoyen au cœur du développement des usages

Il n’y a rien de « smart » sans réflexion, concertation, et consultation.

Le meilleur (ou le plus mauvais) exemple est sans aucun doute le « Smart compteur » le plus connu et nul doute que vous en avez déjà entendu parler.

Les fameux compteurs Linky.

Linky est en soit également un IoT, car il s’agit d’un compteur connecté à Internet. À lui seul ce compteur ou plutôt la mauvaise communication qui a accompagné sa mise en place caractérise ce qu’il ne faut pas faire dans un projet de Smart City, à savoir « Ne pas mettre au cœur du projet l’usager ».

Aujourd’hui tout le monde connait ces compteurs, mais peu de personnes savent réellement ce qu’ils apportent, et pourtant ils peuvent jouer un rôle important dans la mise en place et le fonctionnement des Smart Grids, autre composante des Smart Cities.

Les Smart Grids ou Réseaux électriques intelligents, sont un élément constituant une brique importante de la Smart City. Ce réseau électrique intelligent permet la circulation de data (données) entre les fournisseurs et les consommateurs, il ajuste le flux d’électricité en temps réel, permettant ainsi une gestion plus efficace et plus juste du réseau électrique.

Aujourd’hui, un foyer peut produire tout ou partie de son besoin énergétique à l’aide des solutions technologiques à sa disposition, comme, les panneaux solaires, il lui est également possible de revendre sa production ou surproduction d’énergie à l’un des fournisseurs existants.

Avec les Smart Grids, il est possible techniquement pour un foyer de s’alimenter directement auprès de son voisin en consommant sa surproduction d’énergie plutôt que de basculer sur le réseau général électrique. Ce système permet donc d’ajuster l’offre et la demande sous forme de vase communiquant et de décharger/ réduire la consommation sur le réseau électrique général et donc la production.

Là encore, c’est une des applications, solutions pouvant répondre demain à forte augmentation de la population en zone urbaine et répondant à certains enjeux de la transition énergétique.

 

La data et l’avocat

Depuis l’entrée en application du RGPD (25 mai 2018), un projet ne peut être conçu ou penser sans y intégrer de la notion de « Privacy by design »3 dans sa mise en œuvre. Or, la Ville de demain « carbure » à la data en collectant et exploitant ces données. Se pose alors la question de la « propriété de la data ».

À qui appartiennent ces données et qui en est le responsable ?

Entre les sociétés privées considérées comme « Maître d’œuvre » qui apportent de la valeur ajoutée à de la donnée collectée brute afin de la rendre exploitable par des logiciels, et les collectivités territoriales considérés comme « Maitre d’ouvrage » qui en font l’exploitation, de nombreuses questions juridiques se posent.

Le droit se mue et doit s’adapter, la Smart City c’est aussi l’intégration du BIM4 qui a su impacter les constructions et l’immobilier, l’avocat a clairement un rôle à jouer dans cette transformation numérique, et certains cabinets se spécialisent même sur ces thématiques de Smart Cities.

Enfin, nul doute, que le citadin, premier concerné par l’exploitation de ses données, saura user des prérogatives offertes par le RGPD pour veiller au bon usage de ses data.

La cybersécurité est également un enjeu de taille, car les nouvelles technologies apportent avec elles de nouvelles menaces et de nouveaux risques. La Smart City quel que soit son modèle reste une ville connectée qui transforme ainsi la collectivité territoriale ancrée géographiquement dans un département en une collectivité connectée dont les frontières électroniques se doivent d’être sécurisées, tant sur le plan technique que sur le plan juridique.

 

La Google City

Imaginez toutes les technologies abordées dans cet article, avec en prime, le citoyen au centre du projet, enfin, imaginez que nous allions encore plus loin !

C’est le projet de la société SideWalkLabs, entreprise rattachée au Groupe ALPHABET (maison mère de Google). Ce projet, signé avec la ville de Toronto, prévoit la création d’une ville intelligente pensée pour l’utilisateur.

Une ville modulaire et évolutive, où il y est par exemple prévu l’installation de mobilier urbain interchangeable, dans lequel il possible d’imaginer que la place sur laquelle se déroule le marché le mardi soit transformée en terrain de baskets le mercredi, ou tout simplement de retirer les bancs ou d’en ajouter en fonction des saisons.

Il s’agira d’une ville où les voies de circulations ne seraient plus délimitées par des trottoirs et des bandes blanches, mais par des bandeaux de LED qui permettraient de rétrécir ou d’élargir la chaussée en fonction de plusieurs paramètres (circulation, jour de la semaine, etc.)

Dans cette ville, les toits et chaussées seraient chauffants, permettant ainsi de faire disparaitre la neige toute l’année, autorisant ainsi les Canadiens à vivre à l’extérieur « presque normalement ».

Une ville où de grands abris se déploieraient automatiquement en cas d’intempéries afin de protéger les citadins, une ville où les utilisateurs seraient au cœur de la réflexion (ci-contre, les consultations et avancements de projet en libre téléchargement) , voilà ce à quoi peut ressembler une Smart City.

À suivre…

 


1https://population.un.org/wup/Publications/Files/WUP2018-KeyFacts.pdf 
2Villes intelligentes
3La Privcacy by Design, c’est prendre en compte dès la conception d’un projet la notion de données personnelles afin de mettre en place les mesures de protection et de traitements de ces données conformes à la RGPD.
4BIM : Building Information Modeling : Il s’agit d’un outil collaboratif innovant, évolutif et puissant permettant de modéliser électroniquement un bâtiment. Le BIM introduit la notion de construction intelligente.


SOURCES
Site du DESA (Départment of Economic and Social Affairs)
Site du projet de SIDEWALK à TORONTO 

Articles précédents
Maître Hors-Série 2024

Le kiosque

Maître Hors-Série 2024

4ème trimestre 2024

LES STATISTIQUES | Édition 2024

LIRE