Justice artificielle ou intelligence partagée ?
Depuis quelques années, l’intelligence artificielle ou l’IA tient le haut du pavé dans les médias et le milieu professionnel des ingénieurs en informatique. Beaucoup de politiques y voient le nouveau Saint Graal du XXI siècle.
La solution à toutes les crises budgétaires, le sauvetage des services publics régaliens. Transports, sécurité, santé et désormais la justice sont ciblés par cette quête du "Meilleur des Mondes".
Par Gérard SABATER, Avocat honoraire au Barreau de Draguignan, Président d’Honneur
| Maître n°251. 1er trimestre 2019
L’E-MALAISE DE LA PROFESSION
Le 20 novembre 2019, la profession d’avocat s’indignait dans une lettre ouverte du Conseil national des barreaux à Madame la garde des Sceaux, ministre de la Justice.
Le 5 décembre dernier, le Barreau français était appelée par ailleurs à sa première journée Justice morte sur les retraites, refusant l’intégration du régime autonome des retraites dans le futur régime universel.
La simulation "artificielle" de Monsieur le Haut-Commissaire aux retraites démontre que les algorithmes choisis ont été volontairement altérés pour imposer une solution erronée.
Certains paraissent marcher sur les traces des docteurs MABUSE ou FOLAMOUR.
En effet, tout aussi inquiétant que le dossier des retraites, les réformes de la procédure civile et du divorce dont l’opacité actuelle engendre un profond malaise, mettent en péril la communication électronique entre les avocats et les greffes des juridictions.
Les attentes en matière d’investissement numérique par le ministère de la Justice ont été rappelées dans la lettre ouverte du 20 novembre dernier.
De par ma contribution à la création du Réseau Privé Virtuel des Avocats (RPVA), j’ai été personnellement sensible aux légitimes inquiétudes liées au sort des interfaces RPVA-RPVJ (Réseau Privé Virtuel Justice) dont je mesure les effets anxiogènes, mais aussi l’augmentation de la sinistralité causée par des dysfonctionnements récurrents.
(...)
JUSTICE 2.0: UN CATALOGUE VERTIGINEUX
À l’ère du numérique, la Chancellerie a mise en chantier dans le cadre de la justice du XXI siècle une série de plateformes informatiques dont le catalogue est vertigineux. Il est difficile de savoir s’il y a un pilote pour relier les différentes applications : PORTALIS, ASTREA, DOT, NED, PARCOURS, SIVAC pour ne citer que les principaux.
PORTALIS ou justice.fr est le vecteur d’un changement profond des organisations et des outils de la chaîne judiciaire. Avec une volonté assumée de placer le justiciable au coeur du dispositif, ce dernier pouvant connaître l’état d’avancement de ses procédures civiles et pénales. PORTALIS c’est aussi un nouvel applicatif de la chaîne civile remplaçant les 9 applications civiles existantes qui doit permettre aux justiciables, la saisine en ligne des juridictions depuis leur portail. La dématérialisationde bout-en-bout de la justice civile est une
priorité.
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